Le Manuel clinique de psychanalyse est destiné aux cliniciens, aux étudiants et aux professionnels amenés à travailler en partenariat avec le psychanalyste. Fruit d’un travail rigoureux qui a réuni une dizaine de cliniciens pendant plus de huit ans, ce Manuel clinique témoigne de la pertinence, de la fraicheur et de l’actualité de la méthode psychanalytique.
À plus d’un titre, cet ouvrage est particulièrement attendu car il constitue une réponse clinique aux problématiques qui clivent et désorientent à ce jour le champ médico-psychologique.
En proposant une perspective qui articule le soin des symptômes psychiques, corporels et organiques, le Manuel clinique de psychanalyse permet de dépasser les clivages qui divisent et compartimentent aujourd’hui le champ du soin. En effet et ceci a déjà été souligné par un certain nombre de médecins et de psychanalystes, le champ de la santé est aujourd’hui divisé en une multitude de domaines circonscrits et de spécialités isolées qui empêchent de considérer le soin de l’être humain dans sa globalité.
Cette mise en perspective que permet la clinique psychanalytique éclaire la nécessité, et l’urgence, de mettre en place une clinique du partenariat, c’est-à-dire une politique de santé publique qui articule rigoureusement le champ opératoire de la médecine et celui de la psychanalyse.
Illustrée par de nombreuses vignettes cliniques au sein du Manuel clinique de psychanalyse, la clinique du partenariatforme une réponse concrète au gaspillage faramineux qu’engendre le système de soin actuel. Et pour cause, cette faillite du système de soin, décriée depuis de nombreuses années, résulte du fait que la majorité des dépenses de santé publique est utilisée pour traiter les symptômes des patients sans traiter ce qui les cause. Autrement dit, le système de soin actuel repose le plus souvent sur des ensembles de solutions à court termes qui résorbent temporairement les symptômes, isolément, sans prendre en charge le conflit intrapsychique qui les cause plus ou moins directement.
Mise en évidence au sein du Manuel clinique de psychanalyse, cette articulation logique entre les symptômes psychiques, corporels et organiques offre ainsi la possibilité de structurer le champ du soin en considérant la subjectivité et la souffrance des êtres parlants, au lieu de faire taire celle-ci via des expédients médicamenteux ou comportementaux[1].
Cette médicalisation excessive de la pathologie a largement été soulignée par des médecins et des psychanalystes[2]. Rappelons pour illustrer cette dérive qu’elle conduit aujourd’hui de nombreux praticiens à prescrire des dérivées d’amphétamine à des enfants[3].
Ainsi, en proposant une clinique qui tienne compte du désir et de la singularité des êtres dans le traitement de leurs symptômes psychiques, corporels et organiques, le Manuel clinique de psychanalyse constitue une avancée considérable dans le champ de la santé.
De même, l’importance accordée à la clinique au sein du Manuel met autant en lumière l’actualité et l’efficacité de la psychanalyse qu’elle soutient sa dimension scientifique. En effet, cette mise en exergue des illustrations cliniques vise à défendre la construction d’un savoir théorique articulé à l’expérience au dépens d’une tendance, largement représentée dans le champ de la recherche, à nourrir des opinions et des spéculations[4].
Par cette articulation rigoureuse entre la théorie et la pratique clinique, le Manuel clinique de psychanalyse constitue donc une réponse concrète à cette tendance à compartimenter la lecture des phénomènes pathologiques – largement perceptible au sein du DSM – et à inventer à l’infini des pseudo-diagnostics[5], des pseudo-théories[6] et des pseudo-traitements[7].
Cette prépondérance de l’observation clinique a donc pour but de dépasser les lectures hermétiques[8] et les clivages qui divisent aujourd’hui la communauté psychanalytique et le champ de la recherche en psychologie et en psychiatrie[9] : si la première édition du Manuel de psychanalyse s’origine du travail assidu d’une poignée de cliniciens, ce travail a pour ambition d’être amélioré grâce aux critiques et aux apports de tous les cliniciens qui souhaiterons participer aux éditions suivantes.
Cette démarche scientifique permet ainsi de réunir de nombreux professionnels autour d’un projet commun. Elle invite chaque clinicien qui le souhaite à partager son expérience, ses remarques, ses critiques et à apporter sa contribution à cet ouvrage.
Finalement, la diffusion du Manuel et la possibilité de l’affiner, d’édition en édition, vise à éviter l’écueil de voir des points théoriques se figer et se ritualiser en système dogmatique et hermétique.
Ainsi, le Manuel clinique de psychanalyse apparait comme une réponse aux problématiques qui affectent aujourd’hui le champ du soin. Il ouvre la perspective d’une politique de santé publique qui articule logiquement les champ de la médecine et de la psychanalyse, soit d’une logique clinique qui tienne compte de la question du désir et de la subjectivité dans l’expression des symptômes psychiques corporels et organique.
[1] Landman, P. Tristesse Business, le scandale du DM5, Paris, Max Milo Éditions, 2013.
[2] Jureidini, J., McHenry, L. The illusion of Evidence-Based Medicine (Exposing the crisis of credibility in clinical research), South Australia, Wakefield Press, 2020.
[3] Landman, P. Tous hyperactifs ?, Paris, Éditions Albin Michel, 2015.
[4] Gonon, F. « La psychiatrie biologique : une bulle spéculative ? Le cas de l’hyperactivité tdah », in Journal français de psychiatrie, vol. 44, no. 2, 2016, p. 116.
[5] Landman, P. « La fausse épidémie de TDAH », in Études, vol., no. 11, 2018.
[6] Pluckrose, H., Lindsay, J. Cynical theories, USA, Swift Press, 2021.
[7] Even, P. Corruptions et crédulité en médecine, Stop aux statines et autres dangers, Paris, Le cherche midi, 2015.
[8] Ioannidis, J-P. « Why Most Published Research Findings are False », in PLoS Med, vol. 2, n° 8, 2005.
[9] Sauvagnat, F. « Malaise dans la recherche sur les psychothérapies » in Recherches en psychanalyse, vol. no 5, no. 1, 2006, pp. 73-98.