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Comment traiter le Syndrome de Diogène ou syllogomanie? Cause, difficulté, traitement.

Il existe plusieurs termes : syllogomanie, syndrome de Diogène : concrètement comment définir cette pathologie ?

 

Comme une tendance symptomatique à accumuler des objets et à ne pas pouvoir s’en séparer. Cette pathologie peut se représenter dans un premier temps par une tendance au désordre ou encore par une forme de collectionnisme puis s’aggraver avec le temps, jusqu’à ce que l’accumulation accapare la moitié de l’appartement. Ces objets sont multiples, cela peut être des livres, des dvd, des journaux, des prospectus, des boites de conserves, des cartons ou même des bouteilles vides et des détritus.

 

A partir de quel moment se dit-on cela va au-delà du plaisir d'un collectionneur ?

 

Cela va au-delà du plaisir du collectionneur à partir du moment où il y a une souffrance, soit de la part de la personne elle-même, soit de la part des proches qui se retrouvent le plus souvent démunis face à cette pathologie. Il faut dire que très régulièrement, la personne qui est dans l’accumulation est dans le déni de son fonctionnement morbide, même s’il s’isole complètement ou si les poubelles s’accumulent dans l’appartement. Ce sont souvent les proches, époux, épouse ou enfant qui souffrent en voyant la déchéance de celui qu’ils aiment.  


Peut-on aborder la manie ( sans que ce soit une pathologie ) de tout garder.  D'avoir beaucoup de mal à jeter... comment l'expliquer, qu'est-ce que cela peut dire de nous ?

 

Même si la manie de tout garder est souvent rationalisée et banalisée, elle a des conséquences pathologiques qui affecte aussi bien l’existence de celui qui en souffre que celle de ceux qui l’entoure. Comme tout symptôme psychique, celui-ci est le révélateur d’un mal être.

 

Est-ce qu’il y a de multiples profils d’accumulateurs pathologiques ?

 

Freud a mis en évidence que cette tendance à l’accumulation est typique du fonctionnement obsessionnel. Même si les symptômes obsessionnels peuvent se retrouver dans différentes structures psychiques, cette tendance pathologique à accumuler reste une expression typique de la névrose obsessionnelle. Cette dernière est difficile à appréhender pour beaucoup de psychologues et de psychiatres car elle se représente à travers des modalités d’expressions multiples et opposées : la rétention, l’accumulation, la radinerie, la tendance à injurier et la malpropreté peuvent ainsi s’opposer à une tendance, tout aussi obsessionnelle à l’obséquiosité, à la prodigalité ou encore à l’obsession du rangement et à celle de la propreté.


D'où ce syndrome tire-t-il sa source : traumatisme ? Enfance ? 

 

Les symptômes psychiques sont l’expression d’un conflit intrapsychique qui s’exprime parfois depuis la plus tendre enfance. Même si l’être peut en souffrir, le symptôme a une fonction défensive et c’est pour cette raison que nombreuses personnes ayant un syndrome de Diogène refusent de se soigner. 


Comment dépister le syndrome de Diogène et comment soigner si c'est possible ?

 

Le syndrome de Diogène se soigne, grâce à la psychanalyse, en dénouant le conflit intrapsychique dont s’origine le symptôme. Cependant, toute la difficulté résulte dans la tendance du Moi à dénier son propre pathologie. Ce sont souvent les conjoints ou les enfants qui appellent le psychanalyste car ils souffrent de voir leur proche se laisser dépérir.


Des conseils pour éviter les rechutes ? Des pièges à éviter ?

 

Les rechutes surviennent quand la personne abandonne sa psychanalyse, avant qu’elle ne soit terminée ou encore quand elle évite littéralement de rencontrer le psychanalyste. Cet évitement repose encore une fois sur le déni par lequel le minimise sa symptomatologie : en déniant son trouble, le Moi réussit en même temps à dénier la nécessité de le soigner. C’est d’ailleurs très perturbant pour l’entourage de constater la morbidité de ce symptôme et d’entendre son proche dire que « tout va bien ».

 

Le piège le plus courant consiste à ranger à la place de celui qui accumule ou encore d’essayer de le motiver comme un coach ou une assistante sociale. Cela peut engendrer de l’angoisse, réveiller de l’agressivité, qui sera notamment dirigé sur celui qui aide ou encore enkyster le symptôme en déresponsabilisant celui qui en souffre, en le poussant à se laisser porter.

 

C’est pour éviter ce type de piège que ceux qui souffrent de voir le symptôme de leur proche peuvent eux-mêmes rencontrer un psychanalyste. En reconnaissant ainsi les limites de leur aide et en n’acceptant pas de se laisser maltraiter indirectement par celui qui refuse de prendre soin de lui, d’assumer ses responsabilités, ils peuvent ainsi se départir de leur culpabilité. Et surtout, j’ai pu le constater dans ma propre expérience, en se positionnant autrement, avec amour et fermeté, sans infantiliser celui qui souffre, cela peut produire une forme d’électrochoc qui suscite, chez celui qui accumule de manière morbide, le désir de se soigner.

 

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