La névrose obsessionnelle est la structure psychique la plus répandue au sein de la population, à Paris et dans le monde entier. En tant que structure, elle correspond à un rapport spécifique de l’être au réel qui se distingue tout d’abord de celui de sa petite sœur, la névrose hystérique, puis des deux autres structures, la psychose et la perversion. Appelée aussi névrose de contrainte, le vécu subjectif de l'être obsessionnel est particulièrement organisé autour du sentiment de contrainte et d'obligation.
La structure obsessionnelle est donc une articulation spécifique du fonctionnement psychique qui se distingue par l’utilisation particulièrement prononcée de certains mécanismes psychiques tels que :
- le doute
- la régression
- le refoulement
- l’isolation
- le déplacement
- l’intellectualisation
- la rationalisation
- la formation réactionnelle
- l’annulation rétroactive ou le rendre non advenu
- la dénégation
- la généralisation
Nous parlons bien souvent de névrose obsessionnelle proprement dite dès lors que les symptômes de la névrose commencent à devenir problématique pour l’être.
Il faut savoir que du fait de l’organisation particulièrement efficace de ses mécanismes de défense, l’obsessionnel peut facilement s’aliéner de sa propre souffrance, il peut en quelque sorte se mentir à lui-même, rationaliser et généraliser la plupart de ses troubles et c’est bien souvent son ou sa partenaire qui paie l’addition.
D’ailleurs, il n’est pas rare que ce soit après une rupture amoureuse que le névrosé obsessionnel se confronte finalement à sa pathologie.
N’ayant plus le support grâce auquel il pouvait continuer à s’aliéner, il se retrouve confronté à lui-même. S’il ne trouve pas une autre échappatoire, une personne, une activité, un travail grâce auquel il pourra garder la tête dans le guidon, il peut alors se retrouver confronté à ses symptômes, proprement dits, obsessionnels.
De même, cette façon de reconnaître dans des causes extérieures (la société, la maladie, le destin…) le désordre qui l’anime est une modalité d’aliénation particulièrement prisée de l’obsessionnel qui évite ainsi de faire face à la responsabilité qu'il a dans le conflit intérieur dont il se plaint. Il voit en effet bien souvent ce conflit qui l'assaille comme le résultat des contraintes extérieurs sans se rendre compte que ce rapport contraignant au désir est un phénomène intrasubjectif lié à son propre fonctionnement psychique.
Cette politique de l’autruche, si l’on peut dire, devient un exercice quotidien et épuisant car le danger contre lequel tente de se défendre l’obsessionnel ne provient pas de l’extérieur mais de l’intérieur. Même s’il peut se convaincre que le conflit qui l’habite est lié à des causes extérieures, aux injustices, aux contraintes sociétales ou encore à la tyrannie de son patron, son véritable ennemi se situe bien en lui-même, masqué, caché derrière un mur bétonné de rationalisations et de systèmes de pensées qui confèrent à l’obsessionnel son apparente rigidité.
Cette aliénation particulièrement prononcée de l’obsessionnel est d’ailleurs ce qui a retardé sa reconnaissance en tant que structure psychique à part entière. En effet, reconnaître la névrose obsessionnelle supposait pour les aliénistes d’interroger leur propre névrose. Ils vont donc parler pour certains de folie raisonnante ou encore de folie du doute, trouvant dans l’acception de "folie" une possibilité de se mettre à distance de leur propre pathologie. Cependant, ce qu'ils mettent en avant à travers ces acceptions, c'est l’utilisation défensive et pathologique de la raison et du doute chez l’être humain.
Car la névrose obsessionnelle est justement la névrose de l’homme normal !
D’une certaine manière, le névrosé obsessionnel vit sous le joug d’une véritable tyrannie de la norme qui se manifeste tantôt dans une forme d’opposition et de contradiction systématique au désir de l'autre, entêtée et entêtante, tantôt dans une forme de soumission à la demande de l’Autre. Ce que certains appellent depuis peu le syndrome du « bon élève » ou encore du « nice guy » révèle ce rapport ambivalent et écrasant de l’obsessionnel à la demande de l’Autre qui l’empêche, finalement, d’être lui-même.
Cette tyrannie intérieure qu’il ressent comme contrainte dans son rapport à l’autre, au travail, dans son couple, avec son entourage, peut l’amener à s’isoler de plus en plus pour éviter de se confronter à ses sentiments qu’il s’épuise à masquer.
Ainsi, les symptômes de l’obsessionnel, dès lors qu’ils se constituent en tant que tels, se situent d’avantage au niveau de la pensée : les obsessions, le doute, le scepticisme, la rumination, les préoccupations, les peurs irrationnelles, le manque de confiance en soi, les trouble de la concentration et de la priorisation…
La liste est longue de ces symptômes obsessionnels qui accaparent son esprit, l’épuisent et peuvent l’amener le perdre dans une procrastination délétère. Tout objet de pensée est bon pour venir nourrir ses obsessions : un symptôme corporel, un conflit au travail, une remarque désobligeante. Ce n’est donc pas tant l’objet de la pensée qui compte que le processus obsessionnel compulsif lui-même.
Pour tenter de se défendre de certaines pensées obsédantes, il peut également mettre en place des rituels, des vérifications que nous appelons depuis quelques temps TOC (Troubles obsessionnels compulsifs).
Pour conclure sur cette thématique que nous reprendrons ultérieurement, il est important de spécifier que c’est Freud qui a découvert la névrose obsessionnelle et qui a su le mieux la définir. La psychanalyse est en effet le traitement le plus adapté pour soigner la névrose obsessionnelle et c'est d'ailleurs le traitement de la névrose de contrainte qui a le plus permis de perfectionner la méthode psychanalytique et d'affiner la théorie psychanalytique.
En effet, les libres associations (la méthode de la psychanalyse ou la psychothérapie avec psychanalyste, voir notre article) vont permettre à l’obsessionnel de sortir de cette logique aliénante dans laquelle il s’épuise et passe littéralement à côté de sa vie et de ses désirs. La cure psychanalytique va lui permettre d’affronter petit à petit le conflit qu’il tente de fuir à travers ses symptômes. En mettant fin au combat intérieur qu'il tente de maîtriser en vain et dans lequel il s’épuise, il va pouvoir réveiller une énergie insoupçonnée qu’il pourra mettre à profit de ce qu’il désire vraiment.
Soigner la névrose obsessionnelle à Paris 75009