
Claire du Parquet
L’une des caractéristiques de notre espèce ne réside-t-elle pas dans la singularité de chaque être ? Nous sommes tous unique, et, bien que nous fassions face dans notre vie à des émotions que chacun peut être un jour amené à ressentir, notre fonctionnement psychique, lui, nous est totalement propre.
Pour preuve, nous ne réagissons, et ne vivons pas de la même façon le deuil, l’amour, les différentes épreuves que nous affrontons tous durant notre vie. Certains face à un choc émotionnel iront chercher du réconfort chez leurs amis, famille, tandis que d’autres, à l’inverse, le trouveront dans la solitude. Il arrive que certains s’enferment dans une sorte de cercle vicieux, une nouvelle fâcheuse habitude, comme l’alcool, une libido éternellement inassouvie, ou dans des attitudes moins fréquentes, que tout le monde ne connaît pas obligatoirement. Il arrive que certains, après avoir été chamboulés par un décès, ou un autre événement marquant, traumatisant, se mettent à conserver un tas d’objets n’ayant apriori aucune utilité, aucun intérêt. Au premier abord, nous pourrions penser qu’il n’y a en cela rien d’alarmant, jusqu’à ce que cette habitude prenne trop de place et prenne le pas sur la vie même de celle ou celui qui la subit.
Il nous est tous déjà arrivé de conserver des objets sans aucune utilité, mais qui ait une valeur affective, comme un dessin que nous avons fait étant enfant, une lettre qu’une amie d’enfance nous avait écrite, un bulletin scolaire, un porte-clés offert par notre premier amour… Un certain nombre de personnes conservent encore dans une boite (ou plusieurs) bien rangée chez eux, contenant des objets souvenirs pour se replonger dedans parfois. Et rassurez-vous, cela n’a rien d’anormal !
Cependant, lorsqu’une personne garde tout, même de potentiels déchets dont il faudrait se débarrasser, il peut être utile pour l’entourage de se demander si elle va bien.
Tous ces objets accumulés prennent de plus en plus de place dans le lieu de vie de la personne, qui entasse, entasse encore et encore. Soit elle les range, mais plus elle va en accumuler, plus il deviendra compliqué de les ranger sans que cela ne prenne trop de place. Soit, elle ne va pas se soucier de les ranger, et va donc les laisser dans le salon, la cuisine, bref un peu partout chez elle.
Là, il peut être bon de commencer à s’interroger. Si en plus de cela, vous décelez chez lui ou elle un manque d’hygiène, là, il ne s’agit surement plus d’une mauvaise habitude. Si, en plus du fait qu’elle conserve tout type d’objet, elle prend de moins en moins soin d’elle, ne se douche plus, ou bien qu’elle rejette l’idée de prendre soin de son corps, là, il se pourrait qu’elle souffre du syndrome de Diogène.
Qu’est-ce que le syndrome de Diogène ?
C’est un trouble du comportement. C’est lorsqu’une personne commence à accumuler les objets, les conserver, les ranger, pour petit à petit ne plus y toucher, ne plus les ranger et tout laisser s’accumuler. Alors, l’environnement de la victime donne l’impression de devenir une vaste brocante parisienne, sauf qu’elle n’y vend rien, bien au contraire !
Au-delà de cela, ce syndrome provoque un effacement de la personne par rapport aux autres, elle ne ressent pas le besoin d’aller à leur contact, et préfèrera même la solitude aux conversations avec ses semblables.
Ce genre de syndrome n’est pas éphémère, si la personne n’agit pas, le syndrome ne la quittera pas. Mais ce qui rend la situation plus complexe, c’est que la victime peut être dans le déni, et refuse de voir ce qui se passe, et trouve normal son nouveau comportement. Le travail de l’entourage est alors de ne pas brusquer la personne atteinte du syndrome de Diogène, mais d’essayer de l’aider à se rendre compte de son changement de comportement.
Mais comment se débarrasser de la syllogomanie ?
Etant donné que, comme précisé précédemment, le syndrome apparaît à la suite d’un choc émotionnel ayant bouleversé l’être, il paraît évident que pour annuler ses effets, il faut faire un retour en arrière sur ce qui l’a déclenché.
Ce n’est qu’en parlant de ce qui nous a fait changer, ce qui a provoqué ce trouble du comportement qu’il nous est possible de le démêler.
La psychanalyse a pour but de remonter ces événements, ces moments marquants, qui ont provoqué bon nombre de réactions en nous. Car il faut savoir que notre appareil psychique va refouler ce qu’il n’accepte pas. S’il se retrouve confronté à des situations trop douloureuses, ou qu’il ne veut pas assumer pour diverses raisons qui lui sont propres, il refoule, et alors, notre conscient est berné par notre inconscient qui conservera ces éléments en lui.
C’est pour cette raison que la psychanalyse permet aux patients et aux psychanalysants de lever le voile sur leur mal-être. Elle remonte le fil de notre inconscient, fait éclater au grand jour la vérité que nous n’acceptions de voir, et une fois que le « nœud » du problème est devenu conscient, il devient impossible pour lui d’avoir une quelconque emprise sur nous.
Ainsi, le syndrome de Diogène révélant le rapport de l’être à son désir inconscient, son désir de rétention notamment, seule la psychanalyse est à même à ce jour de le traiter.