« Être dans le présent est la condition de la paix intérieure. »
Jean-Louis Murat
« Pourquoi ai-je dit ça ?! Si j’avais fait ça... J’aurais dû lui répondre ça, ça l’aurait cloué. Mais pourquoi je n’ai pas osé ? Pourquoi je n’ai rien fait ? ... » Longue est la liste de questions que l’on se pose quand on commence à ruminer !
La rumination mentale, personne n’est à l’abri, tout le monde en a fait les frais. Ça arrive après un événement émotionnellement marquant (une grosse dispute avec un proche, un rendez-vous avec la personne à qui vous attachez de l’importance, une rupture amoureuse, un décès, une agression, un échec scolaire…).
Et là, la rumination mentale commence, vous vous mettez à penser, trop ; vous revoyez la scène, des phrases que vous auriez « dû dire » vous viennent à l’esprit, vous pensez aux conséquences de cet événement, la scène tourne en boucle dans votre tête, jusqu’à vous déconcentrer dans ce que vous faites ou même vous empêcher de dormir. Pour dégager ces idées noires de notre tête, cette hyperactivité mentale pousse certaines personnes à consommer de l’alcool ou des produits stupéfiants qui vont évacuer le problème de leurs pensées le temps des effets. Il faut faire attention à ce que la rumination ne prenne pas trop de place dans votre vie, à force, elle peut tourner à l'obsession (voir notre article à ce sujet).
C’est un mécanisme psychique qui se met en place après qu’une ou plusieurs émotions ont été bousculées. Après un événement marquant où nos émotions ont été mises à rude épreuve, notre psychique se réorganise pour une réadaptation à la vie normale, l’événement l’ayant bouleversée. La rumination serait donc une méthode naturelle de notre appareil mental pour retrouver un équilibre psychologique.
La rumination mentale se camouffle, elle nous atteint sans que l’on ne s’en rende compte, on dit à la place « il se prend la tête » ou « il se fait des films », mais non, il rumine ! Souvent, l'individu réagit mal à cette rumination, il peut se mettre en colère, ou au contraire se désespérer, parce que le fait de se rendre compte du caractère insistant de ses pensées le touche. La prise de conscience amène la personne à ne plus réfléchir seulement à l’événement, mais à tout le flux de pensées qui s’échappe de sa tête.
Ce mal est similaire à l’inquiétude, et peut se rattacher au doute (notre article sur le doute) à l’exception qu’elle se focalise sur les événements négatifs passés, les mauvaises expériences et les émotions, alors que l’inquiétude se concentre sur les événements à venir. Leur similitude ? Leur lien avec l’anxiété, et ça, les psychanalystes, à Paris ou ailleurs, l'ont bien compris !
Mais en réalité, la rumination mentale est souvent articulée à une peur, qui est loin d’être forcément rationnelle, d’où l’utilisation en roue libre de la raison pour tenter de la domestiquer.
La rumination part d’un événement qu’a vécu le sujet, il ressasse tous les éléments négatifs qui s’y sont déroulés. Mais après, ces pensées négatives sont élargies à son passé ou présent, et le sujet est amené à se remettre en question.
Le problème est qu’elle altère la vision de la personne, qui va être obnubilée par cette pensée. Le sujet cherche à penser, mais n’y arrive pas, sans en avoir totalement conscience, il n’a plus une vision objective submergé par les émotions. Envahi par celles-ci, au lieu de chercher à savoir ce dont il a réellement peur pour ensuite trouver des solutions aux problèmes, le sujet va s’enfermer dans cette peur sans trouver de solutions, tout en continuant de ressasser involontairement les scènes qui sont à l’origine de tout ça, tout en continuant de remettre en question sa personne, au travers de ses actes, ou justement, d’actes qu’il regrette de ne pas avoir commis.
Les ruminations mentales sont parfois l'expression d'un manque de confiance en soi, ce qui expliquerait que le sujet a peur et finalement, il se remet en question (lire notre article sur le manque de confiance en soi). De plus, une personne atteinte de timidité aurait plus tendance à ruminer que d'autres. Par peur, il ne faut pas entendre seulement la peur de quelque chose (se faire agresser, une rupture, se disputer…) ou quelqu’un, on peut également avoir peur de soi, de ses pensées les plus enfouies et de ses fantasmes les plus intimes et c’est de ces peurs par toujours rationnelles que l’on se remet en question (on ne sait pas ce que l’on vaut, on a peur de ne pas avoir le courage d’être la personne que l’on souhaiterait, peur de ne pas être la personne que l’on pense. De manière générale, la rumination peut remettre toute notre personne en question, en partant seulement d’un événement).
Les souvenirs que nous ressassons ont-ils assez d’importance pour les laisser nous affecter ? Nous faisons, et ferons tous des erreurs dans nos vies, nous tenterons des choses qui s’avèreront être des « échecs », mais au final, ce n’est que de l’expérience. On peut craindre parfois la dureté de nos semblables, leur regard ou leur jugement, mais ce que révèlent nos ruminations mentales, c’est que la personne la moins indulgente à notre égard, la plus sévère, la plus tyrannique et même la parfois la plus cruelle, c’est nous-même.
Pour une psychologue de l’université du Michigan, la rumination mentale serait une « manifestation d’hypersensibilité », ce qui expliquerait mieux pourquoi certaines personnes seraient plus sujettes à la rumination que d’autres. D’ailleurs, d’après une étude faite aux Etats-Unis, les femmes seraient plus victimes de la rumination mentale que les hommes. Cela est, d’après l’étude, dû à l’éducation qui est différente d’un sexe à l’autre. Pour expliquer cela en quelques mots, l’Homme, lorsque des pensées noires le traversent a deux manières de réagir :
- La distraction (s’occuper pour faire passer ces idées négatives)
- La rumination mentale (décider de réfléchir au problème, enfin en apparence).
Le garçon serait plus poussé pendant son développement à choisir la première option, à dissimuler ses émotions pour toujours paraître fort, sans failles visibles. La fille, elle, est poussée à parler de ses émotions, être pleinement consciente d’elle-même, être à l’écoute des autres et force de conseil. En suivant cette argumentation, il est logique que plus de femmes ruminent que d’hommes.
Mais tous les hommes ne peuvent échapper à ce fléau qui ne reste pas radicalement féminin, un homme reste un "roseau pensant", peu importe le sexe, la rumination est le symptôme humain par excellence en tant que le langage, la pensée et l’imaginaire produisent des effets qui troublent le rapport de l’être au réel.
Peu importe finalement la prédominance de la rumination mentale chez l’homme ou chez la femme, ce que cette étude met en évidence, c’est la fonction défensive de la rumination à l’égard des « pensées noires ». Comme expression de ce combat défensif contre les pensées obscures, la rumination mentale fatigue notre psychisme, notre être entier, elle utilise beaucoup de notre énergie et à long terme peut affecter notre vie en nous engouffrant dans la dépression.
C’est ici que nous retrouvons l’efficience de la psychanalyse en ce qu’elle permet à l’être, grâce à la méthode des libres associations, de parler petit à petit de ses « pensées noires » et ce faisant, de se débarrasser de l’origine de ses ruminations et donc de ses ruminations elles-mêmes.
En se libérant de ses peurs irrationnelles et de ses « pensées noires », le sujet peut ainsi délivrer une grande part d’énergie qu’il gaspillait dans ses ruminations mentales et ainsi la réinvestir dans une voie qui soit plus satisfaisante pour lui. Si la rumination vous pèse et que vous voulez vous soigner de ces pensées obsédante, je vous invite à m'appeler pour prendre rendez-vous