Beaucoup de gens se demandent à quoi sert véritablement la psychothérapie. Est-ce que celle-ci fonctionne vraiment ? Que soigne la psychothérapie ? Quelle psychothérapie choisir ?
Pour répondre à ces questions, il nous faut tout d’abord distinguer la psychothérapie dans le cadre de la cure psychanalytique des autres formes de "psychothérapies". Cette distinction est d’autant plus importante qu’un rapide coup d’œil sur internet laisse à penser qu’il existe des centaines de méthodes psychothérapeutiques, si ce n’est des milliers.
Mais alors, est-ce que toutes ces psychothérapies fonctionnent ? Pourquoi existe-t-il autant de techniques différentes ?
Cette abondance des psychothérapies – il semble s’en créer une nouvelle tous les jours – n’est pas sans produire une confusion, tant pour les personnes qui souhaitent faire une psychothérapie que pour les professionnels du milieu médical qui veulent adresser des patients vers un psychothérapeute.
Cette profusion est-elle justifiée cliniquement ou forme-t-elle une démultiplication d’une même méthode qui se différencie sur des détails ?
En regardant de plus prêt quelques-unes de ces « nouvelles thérapies », nous pouvons rapidement remarquer qu’elles constituent des modes plus ou moins élaborés de suggestion.
Autrement dit, ces thérapeutiques n’ont rien d’innovant, elles fonctionnent sur le conditionnement que permet l’influence de la parole.
Des techniques ancestrales des chamans à la méthode hypnotique utilisée actuellement dans certains services hospitaliers, nous retrouvons cette même influence suggestive que Dany Boon caricature dans son sketch où un homme en souffrance ne cesse d’essayer de se convaincre lui-même : « je vais bien tout va bien ! ».
De la suggestion du coach aux exercices à appliquer pour s’auto suggérer des « pensées positives », en repoussant les « négatives », la grande majorité des "thérapies" révèlent le même procédé qui se décline à l’infini. Entre la sophrologie et les thérapies cognitives et comportementales, ces techniques qui utilisent le même procédé, la suggestion.
Si le problème de la suggestion réside notamment dans la durée de son efficacité, brève, un autre problème est la rapidité de son efficacité à court terme: elle donne l'impression de faire des miracles!
D'ailleurs, nous pouvons retrouver cette illusion de guérison dans un certain nombre de témoignage religieux tout comme nous pouvons voir la suggestion opéré également dans la répétition des prières et des rituels religieux ?
Ainsi, ces procédés suggestifs n’ont rien de nouveau et il n’est pas étonnant que cette démultiplication des psychothérapies apparaisse notamment dans des lieux où la croyance religieuse est en déclin.
Une fois dégagée la méthode suggestive que recouvre la grande majorité des traitements actuels, il nous faut la comparer avec la méthode des libres associations, soit avec celle de la psychanalyse.
Comme tous les thérapeutes de son époque, Freud a également commencé par utiliser l’influence de la suggestion. Seulement, il se rendait compte que l’hypnose ne marchait pas sur tout le monde et surtout, que les effets de la suggestion ne duraient pas dans le temps.
Pour sortir de cet embarra clinique, il se laissa guider par les indications d’une patiente, la célèbre Emmy, qui lui demanda d’arrêter de parler, de se taire et de l’écouter. En acceptant de suivre le déroulement des pensées que la patiente exprimait librement, Freud réalisa que les libres associations de la patiente conduisaient aux pensées pathogènes.
Autrement dit, si le patient dit bien chacune des pensées qui lui traverse l’esprit sans les choisir, ni les censurer, il découvre les pensées insupportables qui sont à l’origine de son conflit intrapsychique.
Par ce travail de libre association, le patient dévoile le combat intérieur qui se manifeste à travers ses symptômes et ce faisant, il s’en débarrasse définitivement.
Ainsi, Freud théorisa la méthode qui permet de sortir la psychothérapie de l’impasse dialectique dans laquelle s’enlise la méthode suggestive : en influençant le symptôme sans traiter le conflit qui le cause, les thérapeutiques qui se succèdent depuis l’antiquité ne cessent de butter sur les limites de leur efficacité.
Soit le symptôme revient après l’influence suggestive, soit il se déplace dans une autre manifestation symptomatique.
En permettant aux patients de résoudre le conflit intérieur qui se manifeste dans leurs divers symptômes, la méthode des libres associations constitue donc une avancée majeure dans la prise en charge thérapeutique.
Mais comme un certain nombre d’avancées scientifiques qui se voient freinées par un obscurantisme bien institutionnalisé, nous pouvons constater que la découverte freudienne n’échappe pas à l’obsessionnalisation du champ médico-psychologique. En effet, l’institutionnalisation de la névrose obsessionnelle nourrit un amalgame entre le savoir et la croyance qui désoriente les universités de médecine et de psychologie : elle produit une démultiplication des traitements thérapeutiques qui se différencient sur des détails et qui soutiennent leur apparence de scientificité sur des perspectives isolées.
Malgré la confusion qu’engendre cette focalisation sur des détails, soit malgré la multitude des techniques thérapeutiques, nous pouvons donc distinguer clairement les deux procédés actifs qui divisent les différentes formes de psychothérapies : les techniques ou « thérapies » dites « brèves » ou suggestives et la psychothérapie avec psychanalyste.
En soulignant la différence de procédé qui structure les différents traitements psychothérapeutiques, nous pouvons alors répondre à la question : « Pourquoi faire une psychothérapie ? »
A Paris ou ailleurs, le but de la psychothérapie dépend donc du choix entre les deux grandes méthodes de traitement psychique :
- En faisant une « thérapie brève », le patient peut donc s’attendre à voir son symptôme se dissiper temporairement, tout du moins, s’il est sensible à la suggestion. Cependant, l’illusion (spatio-temporelle) de l’efficacité du traitement est de courte durée : tantôt le symptôme revient après les séances, tantôt il se déplace dans un autre symptôme.
Par exemple, une personne qui consulte un psychothérapeute pour de l’anxiété va être moins angoissée mais soudainement, elle pourra se sentir déprimée ou développera une phobie, voir une nouvelle obsession. Ainsi, le terme de bref qui caractérise ce mode de thérapeutique ne renvoie pas moins à la durée du traitement qu’à son efficacité.
- En faisant une psychothérapie avec psychanalyste, le patient peut s’attendre à se débarrasser réellement des symptômes qui encombrent son existence.
Il n’y rien de magique, ni de miraculeux, c’est un travail sérieux et minutieux qui vise à mettre un terme au conflit intrapsychique par lequel le patient consume ses forces.
Tel un ramonage – pour reprendre l’expression de la célèbre patiente de Freud - le travail des libres associations permet de libérer l’énergie que le patient gaspille dans son tumulte intérieur afin qu’il la réutilise pour irriguer son désir.
Ainsi, la cure ne peut-être brève, elle nécessite un investissement et un engagement important de la part du patient. Impossible de prédire à l’avance la durée du traitement, le temps de la cure dépend de la subjectivité et du désir de chacun.
Bien heureusement, il ne faut pas attendre la fin du traitement pour que les symptômes se dissipent, certains troubles peuvent même disparaitre dès les premières séances.
Ainsi, la question de savoir à quoi sert une psychothérapie dépend du désir de chacun.
Les "thérapies" brèves peuvent donc permettre de trouver un apaisement de courte durée. Elles peuvent donc être comparée à l’effet apaisant d’un médicament qui agit à court terme sur le symptôme sans traiter ce qui le cause.
En revanche, la psychothérapie avec psychanalyste vise à soigner les symptômes qui font souffrir : elle permet de traiter le conflit intrapsychique qui se représente dans les manifestations symptomatiques.
En cessant le combat intérieur qui épuise l’être parfois depuis sa plus tendre enfance, la psychothérapie avec psychanalyste libère l’énergie psychique qui était gaspillée. Elle permet donc se réveiller à son désir et ainsi, d’avoir un rapport plus apaisé à soi-même et aux autres.