Face à la difficulté d’y voir clair parmi la multitude des traitements qui se présentent aujourd’hui comme psychothérapeutiques, beaucoup de personnes se demandent à juste titre : quel est le meilleur traitement pour la dépression ?
Si cette question peut paraitre manquer de nuance, elle n’en demeure pas moins pertinente car elle souligne l’importance des discours trompeurs qui corrompent aujourd’hui le champ de la santé. En effet, se demander quel est le meilleur traitement pour la dépression s’oppose à l’idée, politiquement correct, que tous les traitements pour la dépression peuvent être appropriés. Or contrairement à ce discours consensuel qui laisse à penser que chacun peut trouver une méthode de soin adaptée à ses envies, à sa personnalité ou encore à son signe astrologique, il est scientifiquement inconcevable de soutenir une telle thèse, à savoir que tous les traitements pour la dépression se valent et sont réellement efficaces.
Alors, s’il se présente aujourd’hui une infinité de traitements qui s’érigent comme des solutions miracles pour la dépression, il n’est pas impossible de remarquer que la pseudo efficacité de la plupart de ces techniques et de ces médicaments repose sur un biais interprétatif, c’est-à-dire sur une interprétation erronée qui consiste à assimiler un effet temporaire d’apaisement et une réelle guérison.
Plutôt que de lister l’ensemble de ces traitements médicamenteux et de ces techniques d’autosuggestions qui se présentent à ce jour comme « le meilleur traitement de la dépression », il est plus judicieux de dégager le biais interprétatif sur lequel repose les études « scientifiques » qui cautionnent ces traitements. En effet, toutes les études qui considèrent ces traitements comme efficace se structurent sur le même biais interprétatif, elles se focalisent exclusivement sur la disparition momentanée du symptôme dépressif tout en excluant les éléments qui contredisent cette conclusion.
L’erreur d’interprétation repose ici sur le fait d’isoler la lecture du phénomène de son contexte, c’est à dire sur le fait que l’attention est uniquement focalisée sur le symptôme et sur la disparition momentanée qu’induit le traitement :
Quand l’attention est focalisée exclusivement sur le symptôme et sur la disparition temporaire qu’induit le traitement moléculaire ou psychique, cette disparition du symptôme peut être interprétée illusoirement comme une guérison et le traitement proposé peut être considéré à tort comme un traitement efficace de la dépression.
Dès lors que l’attention n’est pas exclusivement concentrée sur la levée temporaire du symptôme ciblé, c’est-à-dire dès lors que cette disparition du symptôme peut être mise en perspective avec le fait que la dépression revient après l’arrêt du traitement, cette résorption du symptôme produite par le traitement moléculaire ou psychique peut être interprétée plus justement comme un effet d’apaisement momentané, temporaire et le traitement qui a permis cet effet à court terme ne peut plus être considéré comme un traitement véritablement efficace de la dépression.
Et pour cause, ces traitements chimiques ou psychiques n’ayant qu’un effet à court terme, le patient tend à devenir dépendant du traitement lui-même pour que l’apaisement éphémère puisse se répéter dans le temps. C’est précisément cette critique qui est émise à l’égard des médicaments antidépresseurs et à l’égard de leurs nombreux effets secondaires. De même, cette dimension éphémère de la « guérison » est largement décriée en ce qui concerne lesdites thérapies brèves comme les TCC, le coaching ou encore la sophrologie.
Finalement, se demander quel est le meilleur traitement pour la dépression revient à se demander quel traitement est réellement efficace à long terme ?
Dans la mesure où ils agissent uniquement sur les symptômes sans traiter leur cause, les traitements médicamenteux de la dépression ou les techniques de thérapies « brèves » sont inefficaces dans le temps.
Par élimination à l’égard de ces traitements qui agissent temporairement sur le symptôme sans traiter la cause, seule la psychothérapie qui traite la cause de la dépression apparait donc comme un traitement efficace de la dépression, c’est-à-dire la psychothérapie avec psychanalyste ou la psychanalyse.
Cependant, à l’inverse d’un traitement rapide qui se présente comme un « traitement miracle » ou encore comme le « meilleur traitement pour la dépression », la psychothérapie avec psychanalyste nécessite un travail sérieux pour que puisse véritablement dénouer le conflit intrapsychique dont s’origine la dépression. Ni magique, ni miraculeux, si le traitement psychanalytique est certes plus exigeant qu’une « thérapie brève » ou qu’une prise de médicament, il s’avère beaucoup plus efficace à long terme en ce qu’il permet au patient de se soigner de sa dépression, c’est-à-dire de s’en débarrasser définitivement.